Nilce est puni

Un moment Nilce reste à terre, puis il se relève. Il regarde autour de lui. La porte est fermée. Le gnome n’est plus là. Le filet à papillons pend au mur.

Alors Nilce s’approche de sa chaise. Mais non ! Ce n’est pas sa chaise. Cette chaise est trop grande. Nilce veut monter sur sa chaise, mais il ne peut pas, elle est trop haute. Il s’approche du pied de la chaise et il y grimpe comme à un arbre. Enfin voici le bord de la table. Le livre de Nilce est sur la table, mais lui aussi est grand, très grand. Nilce ne peut pas lire les lettres, elles sont trop grandes. Il se met à quatre pattes et grimpe d’une lettre à l’autre jusqu’au bord du livre. Là il s’assied. Il est fatigué. Le voyage jusqu’au bord du livre n’a pas été facile !

* * *

Tout à coup Nilce lève la tête et voit un autre gnome. Il porte un pantalon brun, une veste bleue et une cravate claire.

– Eh, pense Nilce, encore un gnome, et il lui montre le poing.

Le petit homme montre aussi le poing à Nilce. Nilce lui tire la langue. Le gnome aussi lui tire la langue. Nilce s’approche du gnome et tout à coup il comprend qu’il est devant le miroir de sa maman. Le petit homme qu’il voit, c’est lui-même : le gnome vient de le transformer en gnome pour le punir de sa méchanceté. Nilce s’assied sur son livre et pleure.

* * *

Nilce ne pleure plus. Il pense, puis il se lève et va vers la porte. Il va chercher le gnome pour lui demander pardon. Nilce sort dans la cour. Devant la maison, sur un arbre, un oiseau saute d’une branche à l’autre. Il voit Nilce et crie :

– Regardez Nilce ! Regardez le gnome Nilce !

Les poules s’approchent de Nilce. Elles battent des ailes et crient :

– C’est bien fait ! C’est bien fait ! Tu ne vas plus nous jeter de pierres !

Les oies s’approchent, elles aussi.

– Ah, te voilà, petit ! Ga, ga, ga ! tu ne peux plus nous battre avec ta gaule ! Tu es plus petit que nous, beaucoup plus petit ! Ga, ga, ga !

Oui, Nilce comprend tout ce que disent les oiseaux ! Il est devenu gnome.

* * *

Tout à coup dans l’air on entend :

- Ga ! Ga ! Ga !

Nilce lève la tête. Il voit dans le ciel de grands oiseaux gris. Ils volent très haut. Ce sont des oies sauvages.

– Ga ! Ga ! Ga ! crient-elles. Nous volons vers le nord, nous volons vers le nord, vers l’île des Oies. Venez avec nous, oies de basse-cour !

– Ne faites pas de bêtises, crie la plus vieille oie, ne faites pas de bêtises, n’écoutez pas les oies sauvages. Les oies sauvages n’ont pas de maison, elles ne mangent pas de bonnes graines chaque jour comme nous. Ne vous envolez pas avec les oies sauvages !

– Venez avec nous, venez avec nous ! répètent les oies sauvages. Nous sommes libres, nous volons dans le ciel bleu, venez avec nous, venez avec nous !

Une seule des oies de maman, la plus jeune, la plus blanche, la plus belle, l’oie Martin ouvre ses grandes ailes et crie :

– Je vais avec vous, attendez-moi, je vais avec vous.

– Martin c’est l’oie favorite de maman, pense Nilce. Il ne faut pas le laisser partir. Il court après Martin, l’attrape par le cou. Mais Nilce est si petit, si léger, que Martin ne le sent même pas : il s’envole et Nilce avec lui.