En avion

Charles, un touriste, en route pour Paris fait connaissance d’une charmante jeune femme qui suscite son intérêt. Hélas, il n’y a pas de roses sans épines...

Hôtesse de l’air:Mesdames, Messieurs, nous vous souhaitons un bon voyage. Notre Caravelle volera à 10.000 mètres d’altitude et à 780 km à l’heure. Vous êtes priés d’attacher vos ceintures et de ne pas fumer pendant le décollage. Voilà votre fauteuil, Madame, et c’est la ceinture. Y a-t-il quelqu’un qui part pour la première fois en avion?

Charles: Oui, moi, Mademoiselle, et j’ai peur d’être malade.

Hôtesse de l'air: Ne vous en faites pas, Monsieur. Si le temps était mauvais, on aurait peut-être du tangage. Mais avec ce soleil de printemps, pas de crainte. Rassurez-vous!

Mme Didier: En-dessous de nous des villes, des villages. C’est magnifique d’être dans les nuages. Mais il suffirait d’une minute, peut-être, pour nous écraser sur le sol. J’ai peur. Ah là, là! Ma Finette! Pardon, Monsieur, si j’ai mal au coeur que faut-il faire?

Charles: Pas de panique, calmez-vous, Madame. J’ouvre le ventilateur, un peu d’air frais nous fera du bien, j’espère.

Hôtesse de l'air: Voilà du café, des journaux illustrés. Voyons, Madame, un verre de cognac pour vous? N’auriez-vous pas le pied marin?

Mme Didier: Je suis confuse, Mademoiselle. Il faut s’habituer quand même. Mais vu ma situation ... mon Dieu, je suis en effet nerveuse (des jappement discrets). (A part) Chut! Tais-toi, Finette, mon amour!

Charles: Nous avons de la chance, Madame, d’avoir une aussi gentille hôtesse. Le métier d’hôtesse de l’air me semble passionant! Qu’en dites-vous Madame?

Mme Didier: Ca ne me convient pas, à moi, mais il y a trois ans que ma soeur a été admise au concours de la compagnie et c’est un métier qu’elle aime bien (jappements plus forts). (A part) Ah, Finette, Finette tu m’ennuies!

Charles: Evidemment c’est formidable de se transporter dans quelques heures d’un continent à l’autre. Mais sauriez-vous, par hasard, ce que comporte ce concours d’hôtesse de l’air?

Mme Didier: D’abord plusieurs épreuves destinées à vérifier si les candidates possèdent les qualités d’éducation, de présentation et de culture générale. Puis des épreuves de deux langues étrangères et une épreuve médicale de santé. Ensuite un stage en avion avec une hôtesse chevronnée. Figurez-vous que ma soeur sait tout faire en cas de danger. Elle s’imagine que l’avion est le plus sûr moyen de transport. Quant à moi ... je suis loin de là... (jappements renforcés). (A part) Voyons, Finette, ça te prend de nouveau?

Charles: Tiens, j’ai cru entendre une plainte étrange...

Mme Didier: Ah, c’est ce sacré moteur qui ronfle si fort. (avec empressement) Eh bien, il faut vous dire, Monsieur, que quant à ma soeur elle est vraiment une hôtesse extra-ordinaire. Elle ne craint rien...

Charles: Plongée dans les nuages, elle ne pense certainement pas à se marier, n»est-ce pas?

Mme Didier: Mais si, mais si... (jappements assez fort). (A part) Ah, Finette, ton esprit de contradiction me rend folle! Il t’est arrivé quelque chose? (jappements à tue-tête).

Charles: Vous parlez de votre soeur, Madame?

Mme Didier: Non, non pas ma soeur, Monsieur. Figurez-vous... que j’ai un petit bijou de chien avec moi. Et voilà qu’il me dit dans sa langue qu’il ne peut plus rester enfermé dans mon sac. Il faut qu’il en sorte! Je ne sais plus que faire! Je voudrais le libérer, mais je devrais peut-être payer une amende? Je crois qu’il est interdit de transporter les chiens en avion. Si vous vouliez m’aider un peu...

Charles: Entendu, Madame. Comptez sur ma discrétion. C’est petit comme un poing et si propre et gentil! Voyons, mettez-le dans ma poche, ça va lui changer les idées... Le voilà plus content et calme.

(Intervalle) Tiens, qu’est-ce que c’est? A-t-on vu chose pareille? C’est dégoûtant! Mon complet est mouillé... Quel scandale! Ah, mais j’en ai assez! Libérez-moi, Madame, de votre havanais!

Mme Didier: Excusez-moi, je suis vraiment confuse. Ma foi, je ne l’ai pas prévu. Couche-toi, mon amour! C’est jeune, voyez-vous, ça ne sait rien. Heureusement, nous atterrissons... Voilà l’aérodrome d’Orly-Paris. Au plaisir de vous revoir, cher Monsieur!