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Certaines voix se font entendre pour refuser une commémoration béate. Comment peut-on célébrer l’effroyable boucherie ?




Antoine Prost. Attention aux mots : on ne peut «célébrer» aucune guerre. Célébrer, c’est se réjouir, se féliciter. Commémorer, c’est se rappeler. Et qu’est-ce qu’une commémoration béate? Nous avons examiné plus de 1200 projets commémoratifs sans en rencontrer. Les commémorations, dans leur immense majorité, rappellent l’épreuve que la société française a traversée, et si j’ai un regret, c’est qu’elles ne s’interrogent pas davantage sur les raisons pour lesquelles le front intérieur a résisté, alors qu’en Allemagne, en Autriche et en Russie, il a craqué. On ne questionne pas assez la dimension politique de la guerre.

Nicolas Offenstadt. Je n’ai pas trop entendu ces voix jusque-là, mais il est évident qu’on ne peut «célébrer» la guerre au sens premier du terme. En même temps, il y a tant à faire pour rappeler la mort de 10 millions de jeunes dans les conditions terribles que l’on connaît. Pour ma part, il y a longtemps que j’ai défendu l’idée d’un renouvellement commémoratif. Non pas seulement dans les discours mais aussi dans les rites et les événements. J’ai été frappé notamment que la mort du dernier poilu en 2008 ne donne lieu qu’à un hommage avant tout militaire d’un autre temps. Si l’on veut permettre aux plus jeunes générations de se confronter aux mémoires de guerre, il convient de ne pas en faire des instruments d’adhésion au roman national mais un temps de réflexion critique sur le passé, les ouvrir à différentes expressions artistiques, comme les musiques contemporaines. Certains élus locaux l’ont bien compris.

On peut bien très bien maintenir des cérémonies du 11 novembre autour du monument aux morts mais en renouvelant les rites : pourquoi ne pas y faire chanter aussi la Butte rouge, la Chanson de Craonne, des chansons qui sont directement issues des expériences des tranchées, qui touchent plus directement. Il ne s’agit en rien de choquer car ces textes disent bien ce que nombre de soldats ont vécu. Sans compter le répertoire contemporain qui a évoqué 14-18, de Miossec à Indochine en passant par différents groupes de métal ou de hard rock. Le 11 novembre pourrait être encore un jour du cinéma 14-18 ou des séances à moindre coût seraient programmées systématiquement dans les salles de cinéma selon les choix des uns et des autres, selon des modalités à élaborer. Les visites sur les champs de bataille, et pas seulement dans les musées, avec des connaisseurs du terrain, pourraient être étendues. Il faudrait bien sûr réfléchir à l’accompagnement pédagogique de ces programmes, comme c’est déjà ordinairement fait par des nombreux professeurs dans leurs classes. Commémorer 14-18 peut donc dire beaucoup.

Anne Jollet. Il va de soi que la commémoration d’une tragédie qui a modelé le Xxe siècle engendrant d’autres tragédies ne peut pas être béate. Commémorer n’est pas célébrer. Mais commémorer risque cependant toujours d’être une forme d’hommage, donc de soumission à l’existant, y compris avec compassion pour les souffrances. Une forme de patrimonialisation du passé, et son indéniable efficacité marchande, peut renforcer cette tendance. Fournir des objets à la curiosité, créer de l’empathie par des reconstitutions n’est-ce pas donner l’illusion du partage des conditions à bon compte et éloigner, de fait, une réflexion sur le fait que les guerres entre États sont toujours d’abord le fait de choix politiques? Revenir à la question des processus de décision, aux interactions des pouvoirs, y compris aux outils idéologiques de ces pouvoirs pour imposer l’idée de la nécessité de la guerre, me semble des voies d’entrée salutaires pour ne pas commémorer la fatalité des guerres, ne pas prendre le risque d’une commémoration béate !

 

Commentaire :

 

Ce document est tiré de l’article: «Débat: peut-on célébrer la guerre de 14-18?» publié au site http://www.humanite.fr/m/tribunes/550922. Il présente les opinions des historiens Anne Jollet, Antoine Prost et Nicolas Offenstadt sur la nécessité de la commémoration de la Première Guerre Mondiale. A la question ci-dessus tous les trois répondent par la négative car «on ne peut pas «célébrer» aucune guerre». Il ne peut s’sagir que d’une commémoration de la guerre: il doit donc s’agir de se rappeler la mort de 10 millions de jeunes dans les conditions terribles.

La deuxième question soulevée de dans le débat concerne les modalités. Ainsi, Nicolas Offenstadt défend l’idée d’un renouvellement commémoratif. Il propose d’organiser différentes expressions artistiques, comme les musiques contemporaines, des scènes de cinéma et des visites sur les champs de bataille et dans les musées. Il est proposé aussi de réfléchir sur l’accompagnement pédagogique de ces programmes, comme c’est déjà ordinairement fait par des nombreux professeurs dans leurs classes.

Anna Jolet appelle tout le monde à réfléchir sur le fait que les guerres entre États sont toujours d’abord le fait de choix politiques. Elle croit que les pouvoirs ne doivent pas imposer l’idée de la nécessité de la guerre et de faire tout leur possible pour l’éviter.

 

 


Ïîäåëèòüñÿ:

Äàòà äîáàâëåíèÿ: 2015-09-15; ïðîñìîòðîâ: 107; Ìû ïîìîæåì â íàïèñàíèè âàøåé ðàáîòû!; Íàðóøåíèå àâòîðñêèõ ïðàâ





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